[REPORTAGE] Retour sur le succès de la très belle journée Paralympique de Paris

Les Jeux Olympiques sont sans aucun doute le plus important événement sportif au monde avec un impact médiatique exceptionnel. Normal, ils sont suivis par plus de 13 millions de spectateurs et 4 milliards de téléspectateurs du monde entier à travers plus de 100 000 heures de diffusion TV. Pour Paris 2024, ce seront 14 750 athlètes olympiques provenant de 206 délégations qui investiront la Capitale et la France! Alors, rien d'étonnant donc à ce que les évènements qui sont associés aux 5 anneaux soit de véritables succès populaires me direz-vous. Sauf que cette journée du 8 octobre 2022 était la première journée Paralympique et que franchement, si les J.O. bénéficient d'une très forte couverture médiatique, c'est beaucoup moins vrai en ce qui concerne les J.O. paralympiques et leurs 4 350 athlètes ! Alors, Samedi 8, Place de la Bastille, voir plusieurs milliers de personnes participer cette première journée était une belle mise en lumière des Jeux Paralympiques et de nos athlètes. L'occasion pour moi de prendre quelques images, de faire de nouvelles belles rencontres , découvertes, et retrouvailles. Retour sur cette très belle et importante journée.


La grande scène

Karim Randé

Equipe Rugby Fauteuil

Le handicap peut tous nous toucher un jour


Il est parfois difficile de faire changer les regards que l'on peut porter sur les autres et notamment sur le handicap, physique ou mental. Mais c'est crucial car nous sommes toutes et tous susceptibles de le devenir ! Saviez-vous que 45% de la population française est confrontée un jour à une situation de handicap de façon temporaire ou permanente ? Rien que ce chiffre devrait nous aider à prendre conscience de l'importance que l'on doit accorder aux aménagements nécessaires pour faciliter le quotidien des handicapés. Mais comme cela échappe encore à beaucoup, rappelons aussi que 12 millions de Français sur 65 millions (1 sur 6) déclarent avoir un problème de santé depuis au moins 6 mois et rencontrer des difficultés importantes dans leurs activités quotidiennes ou avoir eu un accident de travail dans l’année. Parmi eux, 80% ont un handicap invisible, c'est à dire, un trouble non détectable de prime abord mais qui a un fort impact sur la vie des personnes comme une maladie chronique telle que Parkinson. Le handicap ne concerne donc pas seulement les personnes à mobilité réduite (PMR) mais bien toute la population car un accident, une maladie, ou simplement, le vieillissement, peut faire de nous "un handicapé". D'ailleurs, si la France compte 3,5 millions de PMR dont 650 000 en fauteuils, 5,4 millions de personnes ont une déficience auditive et 1,7 visuelle. 

Par ailleurs, tout le monde sait l'importance qu'il y a à faire du sport. Alors, pour quelqu'un qui se trouve subitement en situation de handicap, pourquoi cela devrait-il être autrement ! Il y a déjà pas mal de temps, j'avais consacré une série d'images de mon blog dédié au Pays de Fontainebleau à des grimpeuses et grimpeurs d'exception, qui, malgré leur handicap, pratiquent comme moi l'escalade. Il y a un mois, c'est donc avec bonheur que j'ai retrouvé mon ami grimpeur et photographe Philippe Ribière, à Paris,  au cœur de la journée consacrée aux sports paralympiques ou qui pourraient le devenir.

Mélissa et Liontos

Philippe

Erwan

Les Jeux Paralympiques ont pris la Bastille !


Cette mise en lumière du sport paralympique, c'est un peu une révolution et c'est dans ce décor emblématique de la place de la Bastille, que les milliers de visiteurs ont pu assister aux exploits sportifs de plus de 160 athlètes paralympiques mais aussi s’initier aux disciplines et au handicap ! En effet, dans cette atmosphère festive, la Bastille s’est transformée en un vaste terrain de jeux à ciel ouvert. Tout au long de l’après-midi, les terrains de sport aménagés pour l’occasion ont accueilli des démonstrations sportives de haut niveau mais aussi des ateliers proposés par les fédérations sportives pour découvrir une quinzaine de sports paralympiques comme le basket fauteuil, le cécifoot, l'escrime fauteuil, le para athlétisme, le para aviron, le para badminton, le para judo, le para tennis de table, le tennis fauteuil, le para triathlon, le volleyball assis. Les visiteurs ont également pu s’initier à d’autres sports qui ne sont pas au programme officiel des Jeux, tels que BMX fauteuil, le handball fauteuil, la para escalade, etc. 

Sur la grande scène centrale, Maxine Eouzan, ancienne championne de gymnastique acrobatique (et gagnante de Koh-Lanta 2021) et Michaël Jérémiasz, champion paralympique de tennis en fauteuil, médaille d’or en double aux Jeux Paralympiques de Pékin 2008, ont animé la journée, entre deux exploits sportifs avant les concerts du soir. Parmi les nombreux spectacle, c'est celui de l’acrobate Karim Randé, qui m'a sans doute le plus ému. Je suis certain que la poésie qui se dégage de ses performances acrobatiques ne laissera personne indifférent. Son histoire non plus ! 

Le merveilleux acrobate Karim Randé



Devenir handicapé et rester sportif !


Karim Randé est acrobate. Depuis ses 19 ans, il enchaîne les numéros sur la piste.  Il y a huit ans, en plein spectacle, il loupe sa réception. La cheville droite est en mille morceaux. "C’est une mauvaise réception sur une bascule coréenne, j’ai eu une triple fracture", explique l'acrobate. Les médecins réparent la cheville avec des vis, mais les douleurs sont énormes et lors d’une énième opération chirurgicale, il attrape en plus un staphylocoque doré. C’était en 2016.  C'est lui qui a décidé de se faire amputer. "L'amputation était la seule solution qui me permettait de reprendre le cirque, toutes les autres solutions faisaient que j’allais boîter. Mon pied allait être un fardeau. J’ai donc pris cette décision. Aujourd’hui j’en suis très content, c’est une délivrance. En France, l’amputation reste en échec pour le milieu médical. Alors que pour moi c’est tout le contraire." Depuis, le garçon est revenu sur la piste. Il a relevé le défis et fait de ses prothèses, ses nouveaux agrès tout en montant des spectacles pour faire changer notre regard sur le handicap.

Karim Randé ou la magie du spectacle



"Dans le monde du handicap, il n’y a que deux regards chez les valides, dit Karim. Soit l’handicapé à qui on fait une collecte, parce que ''le pauvre la vie est difficile pour lui'' ou alors c’est celui qui va traverser la Manche et qui fait un exploit. Le curseur passe d’une extrême à l’autre, on dirait qu’il n’y a personne au milieu. Quid des gens en fauteuil qui vivent simplement leur vie ? "

Karim Randé, l'art de faire tourner les têtes et valser les préjugés



J'ajouterai, pourquoi est-ce toujours aussi difficile d'expliquer sans gêne et sans détour à son enfant que le Monsieur là, n'a plus sa jambe ou son bras ou que cette jeune fille qui nous regarde étrangement n'est pas tout à fait comme nous par ce qu'elle a un handicap cérébral ? Pourquoi est-ce si difficile de photographier les handicaps et de les montrer sans tomber dans le voyeurisme ou l'apitoiement excessif ? Sans doute parce que notre regard comme notre société  n'y est pas encore suffisamment exercé.






Une belle journée paralympique parisienne !


Un peu plus tard dans l'après midi, le public pouvait soutenir Perle Bouge, médaillée d'argent aux Jeux Paralympiques de Londres 2012 et de bronze à ceux de Rio 2016, dans l'établissement d'un nouveau record du monde sur 500 m (1'46") ou Markus Rehm, triple champion paralympique en saut en longueur (T64) aux Jeux (Londres 2012, Rio 2016 et Tokyo 2020) qui a émerveillé les spectateurs avec un saut de 8,04 m ! Il était accompagné de l’athlète grec Stélios Malakopoulos, détenteur du record du monde de saut en longueur dans sa catégorie (T62) à 7,04 m. Chez les grimpeurs, au côté de mon ami Philippe qui est aussi un des meilleurs portraitistes que je connaisse (j'y reviendrais prochainement), la jeune génération de grimpeuses et grimpeurs s'affirment. Melissa Cesaron audioguidée par Liontos Aristotelis et Erwan Lievin nous ont fait quelques belles démonstrations sur la tour FFME. Dommage que l'escalade, jeune sport olympique, n'ait pas encore la possibilité de devenir paralympique car cette discipline est aussi une formidable école du dépassement de soi. 































Outre les nombreux officiels, sponsors et politiques, dans les stands et sur les terrains, on pouvait échanger avec de nombreux athlètes, valides et non valides, tous plus remarquables les uns que les autres. Je ne pourrais tous les citer mais il y avait notamment Sandrine Martinet (médaille d’argent en para judo et porte-drapeau de l’équipe de France aux Jeux Paralympiques à Tokyo en 2020), Nelia Barbosa  (médaille d’argent en para canoë à Tokyo également), Arnaud Assoumani en saut en longueur et triple saut (détenteur du record du monde dans sa catégorie (T46/T47) avec 7,58m, et multimédaillé aux jeux d’Athènes, de Pékin, de Londres et de Rio),  Maxime Valet (médaille de bronze en escrime fauteuil aux Jeux Paralympiques de Rio 2016), Marie Patouillet (championne du monde de Para cyclisme sur piste et multimédaillée aux Jeux Paralympiques de Tokyo), Mandy François-Elie en Para athlétisme, Alexis Hanquinquant (médaille d’or en Para triathlon aux derniers Jeux de Tokyo), Benjamin Daviet (champion paralympique de para ski nordique, porte-drapeau de l’équipe de France aux Jeux Paralympiques de Pékin 2022), et une partie de l'équipe de France de Rugby fauteuil, première Championne d'Europe, à la veille de leur engagement pour les Championnats du Monde (où ils sont malheureusement tombés en quart de final face au Danemark).












































La boutique en ligne de Paris 2024  (sélection de produits paralympiques en vente : t-shirts Le Coq Sportif, pin’s Drago) permet de soutenir la cause et pour en savoir plus sur les Jeux Paralympiques et le mouvement paralympique téléchargez le dossier de presse au format pdf 
Sinon, RDV sur le site  https://france-paralympique.fr/



Voilà, top départ pour le changement de point de vue sur le handicap au quotidien.
Merci à vous les athlètes de nous avoir fait rêver tout au long de la journée.

Photographies non libre de droit. Merci de me contacter pour toute utilisation. Vous pouvez partager sans modération avec crédit de l'auteur et sans recadrage de ma signature.
Pour information, ces images ont été réalisées avec un boîtier Fujifilm XT4 monté soit en optiques Fuji, soit en optique Canon.

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