My Tribute to Serge Gainsbourg

Serge sous le regard de Jane Copyright Greg Clouzeau
Serge sous le regard de Jane
F*** ! Trente ans déjà qu'il est parti. En effet, le 2 mars 1991, Serge Gainsbourg nous quittait à l'âge de 62 ans. Si Serge est célèbre pour sa carrière d'auteur, compositeur, interprète et ses multiples provocations et autres dérapages télévisuels, saviez-vous qu'il aspirait plutôt à devenir un peintre reconnu ? A l'heure où les expositions hommages se multiplient, je voulais revenir un peu sur cet aspect souvent négligé de sa vie. 

L'occasion de vous (re)présenter quelques unes de mes créations de #streetart dédiées à Serge. Celles-ci sont composées à partir des tags, collages et affiches photographiées sur le mur de sa maison puis assemblées numériquement. Elles sont disponibles en tirage d'art limité à 30 exemplaires selon les conditions habituelles.

Le renoncement du peintre 

Dès l’âge de treize ans, le jeune Lucien Ginsburg, intègre l’Académie de peinture de Montmartre où il brille assez rapidement. Il est même jugé doué par ses professeurs, tel que l’artiste cubiste André Lhote ou Fernand Léger. Le futur Serge se consacre essentiellement aux natures mortes et scènes de la vie quotidienne. La première épouse de Gainsbourg, Élisabeth Lévitzky, qu'il avait rencontré à l'école en mars 1947 disait de lui que : « c’était un dieu. Il était aimé, redouté, c’était le préféré de tous les professeurs et modèles. » Il complète son apprentissage en examinant longuement les toiles des maîtres exposées au Musée du Louvre. Il y recherche les solutions à ses propres problèmes de création picturale. Il s'essaye aussi à l’Académie des Beaux-Arts en architecture pendant un an. 

Lucien Ginsburg est un éclectique et ses inspirations picturales sont multiples. Il affectionne les postimpressionnistes et surtout le peintre Pierre Bonnard du mouvement nabi. Une influence que l'on retrouve dans certaines de ses peintures comme son  autoportrait en buste sur papier daté d'avant son service militaire. La position de trois quarts ressemble aux autoportraits de Pierre Bonnard mais les couleurs et les touches font penser à L’Autoportrait de Henri Matisse (1906). 

Mais il ne reste que très peu de toiles signées Lucien Ginsburg et celles-ci restent cachées au regard du public. En effet, lorsqu'il renonce à sa passion en 1958 il brûle la plupart de ses créations. La raison de cet abandon ? Un profond manque de confiance en lui et en son travail. Ambitieux, Serge souhaitait atteindre la renommée d'un Gustave Courbet mais il sent bien que cela ne vient pas. Certains de ses camarades de l’académie disent d'ailleurs qu'il manquait d’originalité, trop emprisonné dans une volonté de faire aussi bien que les peintres qu’il admirait. Serge avait si peur de ne pas réussir qu'il a renoncé à une exposition dans la galerie de Pierre Loeb à Paris. Selon Élisabeth Lévitzky, « Lulu a décommandé parce qu’il a eu peur. Il s’est totalement effondré de peur. » La seconde raison est sans doute lié au fait qu'il déteste l’art abstrait très en vogue à cette époque et c'est d'ailleurs en sortant d’une prestation et d’une vente aux enchères d’une œuvre d’Yves Klein qu'il abandonne définitivement ses ambitions d'artiste peintre à l’âge de trente ans. 

De Ginsburg à Gainsbard
De Ginsburg à Gainsbard
Couleur


Sous le regard de Serge
Sous le regard de Serge
Couleur


Serge le photographe
Serge le photographe
Couleur


Outre la peinture, Serge était aussi, un excellent photographe et l'on se souviendra des clichés de lui ou Jane portant leur gros Nikon F avec batterie. Outre ses chansons, il rédige un conte parabolique intitulé Evguénie Sokolov. Un conte qui le met en scène dans ses études artistiques puis en peintre contestataire et iconique, devenant célèbre malgré sa différence singulière avec le monde qui l’entoure. 

Collectionneur d’art averti, Serge Gainsbourg se retranche rue de Verneuil, qu’il transforme en véritable musée présentant une large collection d’objets de toutes provenances. On y trouve la célèbre statue L’Homme à tête de chou de Claude Lalanne, une multitude d’enseignes de police et des dessins de maîtres (notamment La Chasse aux papillons de Salvador Dalí) ou les  Mauvaises nouvelles des étoiles du peintre Paul Klee. Des œuvres dont les titres ont inspiré ses albums. 

Cette maison, confiait Jane Birkin en interview, lui apporte une rigueur esthétique qui contrebalançait ses états d’âme. Serge Gainsbourg y place tout selon ses propres règles, chaque objet trouve sa place (selon les couleurs et les objets environnants) et ne doit plus en bouger ce dont sa première épouse témoigne : « Il vivait à l’intérieur d’un lacis de renvoie de quelque chose à l’autre. Si quelqu’un déplaçait un objet, ça le rendait malade. » 

Bref, Serge était un artiste accompli et névrosé.  Les artistes d'aujourd'hui lui rendent hommage à travers diverses expositions que je vous invite à aller voir. Vous y retrouver plusieurs de mes amis du streetart comme Jo Di Bona dont j'avais publié quelques œuvres l'an dernier ou Carole B avec qui j'ai eu la chance d'exposer à Photo Bleau.

Serge sous le regard de Jane
noir et blanc


Sous le regard de Serge
Noir et blanc


De Ginsburg à Gainsbard nb
De Ginsburg à Gainsbard
noir et blanc


2 expositions à voir d'urgence à Paris :

1° L'exposition "Gainsbourg, et caetera..." est à découvrir, les samedis et dimanches, du 27 février au 30 avril 2021 au Marché Dauphine des Puces de Saint-Ouen à la galerie One Toutou (à retrouver au stand 122). Et c'est gratuit ! Plus d'une trentaine d'artistes pratiquant diverses disciplines (peinture, pochoir, illustration, dessin, photographie...), célébrent la mémoire de Serge Gainsbourg. Le photographe Pierre Terrasson, qui a immortalisé la scène rock pendant les années 80, partage des clichés de Serge certains mythiques, d'autres plus personnels. Des photos réinterprétées par YARPS en version street art. 

2 ° Gainsbourg Toujours, l'exposition photographique de la Galerie Hegoa  au 16, rue de Beaune 75007 PARIS du 27 février au 15 mai 2021 les mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi de 11h à 17h30
C’est dans ce quartier du 7ème arrondissement où il vécut pendant 22 ans, notamment avec Jane Birkin que la galerie HEGOA rend hommage à son illustre voisin au travers d'images incontournables de 15 photographes et 1 dessinatrice.

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