Jouer avec les lumières la nuit filé et lightpainting

Les Gold Wing comptent parmi les séries de motos mythiques. On aime ou on déteste ! Fabriquées par Honda depuis 1972, cette routière de légende a ses fanclubs et tous les ans, la Fédération des GoldwIng Club de France organise un grand rassemblement international auquel participent plus de 1.000 GoldWing, représentant 27 nationalités venues des 4 coins de l'Europe. Cette année, le 41ème rassemblement se tenait du jeudi 30 mai au dimanche 2 juin 2019, à Beaune,  non loin des falaises où nous étions partis grimper. Leur défilé nocturne fut pour moi l'occasion de quelques essais sur les techniques photographiques de filé et de light painting en une seule fois !
La Gold Wing de Jacky et Didile
La Gold Wing de Jacky et Didile
Prix moyen d'une GoldWing ? Quelques dizaines de milliers d'euros auxquels vous ajouterez, la customisation de la carrosserie et sa transformation en sapin de noël (plus de 30 000 € d'éclairage pour la plus éclairée ) ! Cela valait bien quelques images. L'occasion donc de réviser mes techniques de filé mais aussi de light painting jusqu'à l'abstraction ! L'effet de filé n’est rien d’autre qu’un flou de mouvement voulu et maîtrisé. Il s’agit donc d'utiliser un temps de pose légèrement plus long que la moyenne et de suivre un sujet dans son déplacement. Plus facile à dire qu'à maîtriser ! Le but seul le sujet doit être net et se détacher de tout ce qui l’entoure qui est effacé dans un flou directionnel… Pourquoi utiliser un flou de mouvement ? Simplement pour retranscrire l’impression de vitesse. Bah oui, photographier une moto ou une F1 à l'arrêt, sauf à vouloir en montrer ses lignes, c'est moins intéressant qu'en course… et une voiture de Rallye déboulant à 180km/h avec ses roues bloquées c'est pas très réaliste !  Le filé permet donc de dynamiser  une image. Et comme tous les flous, il peut également être utilisé en « camouflage » pour masquer un arrière-plan ou focaliser l’attention sur le sujet. Pour cette série nocturne, les difficultés ne manquaient pas ! Lumière quasi nulle et variable pour commencer. On passe du blanc plein phare au bleu et rouge des LED !!! Des sujets qui agitent les bras et les jambes, du coup, flous,  foule en mouvement, etc. J'ai essayé divers réglages et techniques dont la pose longue pour faire du light painting.
Bilan
Le filé est une technique qui est très simple dans le principe. Dans la pratique, c’est un peu plus compliqué… Mais je suis satisfait de ces quelques images. En général, il faut descendre en dessous de 1/50e de seconde pour les sports mécaniques, et peut être encore plus bas pour les sports plus « lents » (athlétisme par exemple). A vous d’essayer ce qui convient le mieux, la photographie n’est pas une science exacte (et c’est tant mieux, cela laisse une place à l’improvisation).
Pour obtenir cet effet filé, il suffit de suivre le sujet en déplacement pour provoquer un flou de mouvement. Du coup, il faut une vitesse assez  faible. L’utilisation d’un monopode permet de conserver un axe vertical constant et de se concentrer uniquement sur le déplacement horizontal du sujet. Ensuite, côté objectif, une longue focale c'est le top (d'autant qu'on est souvent loin des véhicules, sécurité oblige. L’usage d’un grand angle est possible, mais bien plus complexe à cause du changement de parallaxe. Mieux vaut ensuite désactiver le stabilisateur d'image (IS pour Image Stabilizer chez Canon ou VR pour Vibration Reduction chez Nikon). Cette technologie compense les vibrations provoquées par le photographe ! Ensuite, suivant les conditions de lumière, passer en mode priorité à la vitesse (TV sur un Canon, S sur un Nikon) avec une vitesse d’obturation basse. Plus la vitesse est basse, plus le filé sera impressionnant mais plus le filé avec un sujet parfaitement net sera difficile à obtenir !
Je fais ma mise au point manuellement avec une marge de profondeur de champs suffisante en réglant mon ouverture autour de f8 quitte à monter un peu dans les ISO. En mode priorité vitesse, vous ne pouvez pas modifier l’ouverture puisque c’est l’appareil qui détermine ce paramètre. L’astuce est d’augmenter la sensibilité et obliger l'appareil à compenser la luminosité en fermant un peu plus le diaphragme (ce qui a pour conséquence d’augmenter la profondeur de champ). Je me mets systématiquement en mode rafale. Dans tous les cas, il y aura beaucoup de déchets, et sur une rafale d'images, seule une ou deux seront peut être correctes. Vous verrez que les photos les plus intéressantes sont celles situées en milieu de séquence car c’est là que votre mouvement est le plus fluide. À vous d’expérimenter en fonction de la vitesse de déplacement du sujet. Une fois vos réglages terminés, vous devez faire corps avec votre matériel, bloquer le boîtier (si c'est à main levée) viser, suivre et appuyer sur le déclencheur tout en continuant votre rotation. Des lumières bleues… alors pourquoi pas jouer avec ?
Donc, je n’ai pas de méthode miracle à vous donner pour choisir le bon temps de pose. Le mieux est de tester en fonction de la situation. Vous pouvez commencer avec un temps de pose entre 1/30s et 1/4s. Ensuite, en faisant plusieurs essais, vous ajustez. Si le flou est trop important, réduisez le temps de pose. S’il n’y a pas assez de flou, augmentez le. Plus le temps s'allonge, plus il est difficile de rester stable sur tout le mouvement sans monopode. Mais là, on peut aussi s'amuser !
Et pourquoi pas dessiner avec la lumière jusqu'à l'abstraction ?


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