Lors du Font & Bleau Contest (promis c’est mon dernier article sur le sujet), nous Ă©tions très nombreux Ă faire des photographies et ce, sans compter celles faites avec nos redoutables smartphones. Parmi les photographes pros, il y avait notamment Gilles Reboisson et Thinh Souvannarath beaucoup plus connu sous le pseudo de Little Shao. Tous deux ont parfois shootĂ© assistĂ©s d’un puissant flash dĂ©portĂ©. A regarder les photographies de blocs qui circulent sur les rĂ©seaux sociaux, vous aurez peut Ăªtre remarquĂ© que c’est une vraie tendance de la photo d’escalade en bloc depuis quelques annĂ©es. J’en suis pas très fan (je vais vous dire pourquoi) mais je trouvais intĂ©ressant d’Ă©voquer ici la photographie assistĂ©e de sources de lumière complĂ©mentaire.
Pourquoi utiliser un flash en extérieur ?
La photographie c’est toujours une histoire de gestion de la lumière. Pour faire simple, le photographe a le choix entre trois grands types d’exposition : sous-exposition, sur-exposition ou exposition conforme Ă la rĂ©alitĂ©. Le problème, c’est que la plupart des scènes photographiĂ©es sont rarement homogènes en terme de lumière. En effet, il y a presque toujours des zones sombres et des zones claires qui vont crĂ©er des contrastes plus ou moins importants et obliger le photographe Ă faire un choix pour privilĂ©gier l’une ou l’autre. Pire, il y a parfois des conditions de lumière naturelle incompatibles avec la photo d’escalade, notamment en bloc oĂ¹ l’on se retrouve parfois au fond d’une grotte ou dans un sous-bois ultra sombre !
Pourquoi utiliser un flash en extérieur ?
La photographie c’est toujours une histoire de gestion de la lumière. Pour faire simple, le photographe a le choix entre trois grands types d’exposition : sous-exposition, sur-exposition ou exposition conforme Ă la rĂ©alitĂ©. Le problème, c’est que la plupart des scènes photographiĂ©es sont rarement homogènes en terme de lumière. En effet, il y a presque toujours des zones sombres et des zones claires qui vont crĂ©er des contrastes plus ou moins importants et obliger le photographe Ă faire un choix pour privilĂ©gier l’une ou l’autre. Pire, il y a parfois des conditions de lumière naturelle incompatibles avec la photo d’escalade, notamment en bloc oĂ¹ l’on se retrouve parfois au fond d’une grotte ou dans un sous-bois ultra sombre !
Pour cette photo de Tony dans le 7A+ d’Abyss, pas d’utilisation du flash mais une montĂ©e Ă 3500 ISO. |
J’adore le soleil mais il a ses limites en terme de photo et peut mĂªme vite devenir notre pire ennemi ! Il va parfois nous offrir une magnifique lumière chaude et dorĂ©e et des couleurs saturĂ©es, mais en Ă©tĂ©, il offre en gĂ©nĂ©ral une lumière très dure. Suivant sa position par rapport au sujet, il provoquera des contrastes affolants avec des ombres très marquĂ©es. Donc cet Ă©tĂ©, si vous voulez tirer le portrait de Tata Jeannine, mĂ©fiez-vous des ombres sur son visage cela peut Ăªtre de très mauvais goĂ»t ! VoilĂ pourquoi, mĂªme en extĂ©rieur, les photographes de mode utilisent un flash. Cette source de lumière dĂ©portĂ©e et bien gĂ©rĂ©e permet de gommer les mauvais effets du soleil sur une image.
Mais attention, un flash mal orientĂ© ou mal dosĂ© peut aussi donner de très mauvaises images ! Oubliez tout de suite le flash d’appoint de votre boitier ou celui de votre smartphone, ils sont mal placĂ©s et relativement peu efficaces. D’ailleurs, vous avez sans doute dans vos photos, celles oĂ¹ votre sujet Ă les yeux rouges (ou blanc s’il a des lentilles), des visages Ă l’aspect « fromage blanc » ou au contraire ultra-brillants !
MĂªme pour ce plan serrĂ© en lumière dure d’Ă©tĂ©, je prĂ©fère jouer les contraste que dĂ©boucher l’arrière plan d’un coup de flash. |
Perso, j’aime assez les images contrastĂ©es et je privilĂ©gie très souvent les hautes lumières quitte Ă plonger le reste de l’image dans une quasi obscuritĂ©. Un truc impensable pour un portraitiste ou un photographe de mode. Eux cherchent toujours contre-balancer cette diffĂ©rence d’exposition grĂ¢ce Ă une source de lumière supplĂ©mentaire… et ils le font bien.
Mais alors pourquoi utiliser un flash pour la photo d’escalade en site naturel ?
Outre les inconvĂ©nients citĂ©s plus haut, un flash a aussi la fĂ¢cheuse tendance Ă se reflĂ©ter sur toutes les surfaces rĂ©flĂ©chissantes. Bref, si ce sont lĂ les principales raisons qui me rebutent dans l’utilisation du flash, la principale reste que je trouve que cela dĂ©nature, au sens littĂ©ral, l’image. Bah, oui, apporter de la lumière lĂ oĂ¹ il n’y en a pas conduit inĂ©vitablement Ă une vision dĂ©formĂ© de la rĂ©alitĂ©. Mais visiblement cela semble plaire de plus en plus ! Ainsi, parmi les photographes de blocs (pour ne prendre que cet exemple) ils sont de plus en plus nombreux Ă utiliser flashs et rĂ©flecteurs.
Lors du Font & Bleau Redbull, vous aurez sans doute remarquez l’assistant du photographe Little Shao et son très gros projecteur. Je me suis demandĂ© si c’Ă©tait une volontĂ© de la marque ou un choix artistique ? En effet, je trouve que les images « officielles » de cette Ă©vènement sont très mĂ©talliques. La forte lumière blanche du spot et les tee-shirts bleus donnent un aspect qui fait penser inĂ©vitablement Ă la canette de la marque. En fait, c’est bien un choix artistique. C’est mĂªme une signature de Little Shao.
Thinh est un photographe qui a renoncĂ© Ă une carrière dans la banque pour se consacrer exclusivement Ă ses deux passions, la danse et la photo. Et quel succès ! Avec quelques 98.000 fans sur Facebook, ce jeune professionnel couvre les scènes les plus branchĂ©es de la culture urbaine internationale. D’origine vietnamienne ce parisien pratiquait dĂ©jĂ le hip-hop bien avant d’en immortaliser les mouvements et acrobaties. Et lĂ , pas de mystère, pour figer certaines scènes, le flash, c’est top !
Qui d’autres a fait ce choix artistique en escalade ?
Ils sont nombreux et je ne vais certainement pas tous les citer ici ! Je vous propose par exemple de jeter un Å“il aux travaux de Gilles Puyfagès qui a prĂ©sentĂ© de nombreuses photos Ă l’Ă©clairage »sur naturel ». Alban Levier, quand il ne fait pas de compĂ©tition, semble lui aussi assez portĂ© sur le flash… Sur le site BoulderClassics.com, le photographe Markus « Ixi » Ixmeier use et abuse de ces lumières dĂ©portĂ©es comme ci-dessous oĂ¹ cela reste raisonnable.
Donc, comme je le disais plus haut, outre les problĂ©matiques de dosage de la lumière, je trouve que les sources de lumière dĂ©portĂ©es dĂ©naturent, au sens littĂ©ral, l’image. Elles crĂ©ent des ombres lĂ oĂ¹ il ne devrait pas y en avoir, Ă©clairent des zones qui devaient rester dans l’obscuritĂ©, etc. C’est un choix. Ce n’est pas le miens. J’aime la photo authentique, celle que l’on peut faire sans prĂ©paratif, celle rĂ©alisĂ©e sur le vif. Et oui, c’est aussi par flemmardise.
Quelques trucs à connaître si vous vous lancez dans la photographie au flash
L’utilisation d’un flash c’est grosso modo le mĂªme principe d’exposition que l’exposition standard en photographie. Mais voici quand mĂªme les 3 règles les plus importantes Ă retenir :
- La distance entre le flash et le sujet permet de contrĂ´ler l’intensitĂ© de la lumière qui arrivera sur le modèle.
- L’ouverture permet elle aussi de contrĂ´ler la quantitĂ© de lumière qui va Ă©clairer le sujet.
- La vitesse quant à elle permet de définir la durée pendant laquelle la lumière ambiante sera visible sur la photo.
Un flash, un spot ou un rĂ©flecteur c’est un peu comme un deuxième “soleil en miniature” mais il faut savoir si celui-ci Ă©claire plus votre sujet que le vĂ©ritable ! En effet, si la lumière du flash est plus puissante que la lumière ambiante, vous allez ajouter une source de lumière dans votre photo. Le principe du « Flash » est de produire un Ă©clair durant une durĂ©e fixe qui va “figer” votre scène et ce, indĂ©pendamment de la vitesse. Du coup, pour contrĂ´ler l’ajout de la lumière ambiante dans votre image il faut jouer avec la vitesse. Plus la vitesse est lente, plus la lumière ambiante sera prĂ©sente, moins la lumière flashĂ©e est visible !
PlacĂ© dans le mĂªme axe que Little Shao, j’ai bĂ©nĂ©ficiĂ© de son flash pour cette image…
Ombre surnaturelle et lumière froide sous le surplomb
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Attention, cela ne veut pas dire que le choix de la vitesse ne modifiera pas la zone exposĂ©e par votre flash mais l’arrière-plan. Il existe de très nombreuses techniques sur l’utilisation des flashs qui peuvent Ăªtre synchronisĂ©s avec la vitesse. Je ne vais pas rentrer dans le dĂ©tail d’autant que ce n’est pas ma spĂ©cialitĂ© mais me borner Ă l’Ă©vocation de quelques techniques. A vous de tester, creuser, rater…et recommencer !
RĂ©aliser un « fill-in » :
Cette technique est utilisĂ©e lorsque le sujet est en contre-jour ou dans une zone d’ombre. Elle permet de rĂ©Ă©quilibrer la photo pour que le modèle ne soit pas sous-exposĂ© par rapport Ă l’arrière plan. Un coup de flash bien dosĂ© permet donc de « dĂ©boucher » le sujet. Plus le contre-jour est violent (c’est souvent le cas Ă la plage ou en montagne sur la neige), la mesure d’exposition faite par l’appareil enclenche souvent une vitesse nettement supĂ©rieure Ă la vitesse de synchronisation du boĂ®tier avec le flash ! Il faut alors utiliser le fill-in HS (haute vitesse) mais encore faut-il que le flash possède cette option. Si c’est le cas, le flash dĂ©livrera une sĂ©rie d’Ă©clairs ultra-rapide pendant le parcours du rideau devant le capteur ceci afin d’Ă©viter l’apparition d’une bande noire sur le clichĂ©. Il existe aussi le cas inverse : la synchro lente plutĂ´t adaptĂ©e Ă l’indoor. En gros, l’Ă©clair va illuminer le sujet principal et le boĂ®tier enregistrer la photo avec une mesure d’exposition effectuĂ©e sur l’arrière-plan. En escalade, cela fonctionne bien dans certaines salles mais sur les sujets en mouvements rapides (un jetĂ©, une chute, ou un run and jump notamment) bien que le rĂ©glage au second rideau donne une impression de « filĂ© », le personnage peut se trouver dĂ©doublĂ©…
Cas du flash indirect :
En gĂ©nĂ©ral, avec un flash normal, en usage x-TTL l’allongement du temps de parcours de l’Ă©clair et sa perte de puissance par absorption est prise automatiquement en compte par le boĂ®tier lors de l’Ă©mission du prĂ©-Ă©clair. Cette technique donne donc des photos plutĂ´t harmonieuses et les photographes de mode s’en servent très rĂ©gulièrement.
Les tĂªtes de flashs sont Ă©galement munies d’un diffuseur qui permet d’ouvrir l’angle d’Ă©clairage et assurer une meilleure diffusion de la lumière. On peut sans souci utiliser de diffuseur en flash direct pour des focales supĂ©rieure Ă 50mm pour rĂ©duire l’impact de l’Ă©clair sur le sujet.
Voici une très vieille image oĂ¹ le coup de flash se fait bien sentir non ? Jean Pierre Bouvier dans Atomic Play Boy |
Mais de plus en plus de photographes utilisent des flashs indirects dont certains sont d’une puissance phĂ©nomĂ©nale. Il n’y a qu’Ă voir les photos de Little Shao sur le Font & Bleau pour s’en rendre compte. Dans ce cas, et c’est le cas des photos de mes confrères prĂ©sentĂ©es dans cet article, la lumière additionnelle est très fortement visible sur l’image. Encore une fois, c’est un choix artistique qui, s’il ne convient pas en photo de mode, est tout Ă fait respectable en photo de sport. C’est juste que je n’aime pas ce rendu artificiel.
Little Shao a utilisĂ© un puissant flash dĂ©portĂ© dont ont voit bien la lumière « contre nature » sous le Toit du Cul de chien. (C) Little Shao |
Donc, pour rĂ©pondre Ă la question du titre, la photo d’escalade, Ă mon goĂ»t, c’est mieux sans flash !! Il n’est gĂ©nĂ©ralement pas besoin de figer totalement le mouvement et avec les sensibilitĂ©s des boĂ®tiers modernes, on peut facilement monter en ISO sans risque. Mais je peux me tromper… Dites moi si vous aimez ce type d’image. On sait jamais, je pourrait m’y mettre !
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