[TECHNIQUE] ET SI JE FAISAIS DES PHOTOS DE CONCERT (episode 1) ?

Mon boîtier habituel commence à montrer quelques signes de fatigue. Avec plus de 150 000 clics pour un boîtier reflex amateur, c’est déjà pas mal. Du coup, une belle occasion (merci Mimi) m’a permis de renouveler mon matériel et de basculer sur un vrai boîtier pro, c’est à dire avec un capteur plein format et des optiques de qualité ! Comment tester ses limites ? Et bien pourquoi ne pas s’essayer à la photo de concert ? Les conditions de lumières sont telles qu’il va falloir pousser les ISO au max et se mettre au taquet en ouverture de diaph’ Allez hop, une petite virée entre potes dans un Pub du Pays de Fontainebleau, à Barbizon, le long de l’ex N7, pour voir quelques « Musiciens Sans Talent ». Enfin… c’est ce qu’ils disent, parce qu’en vrai, ils envoient du bois les M.S.T. !
Voici donc quelques premières images (les autres arrivent) et quelques conseils issus de ce test photo pour celles et ceux qui voudraient s’y essayer.
 
 

POURQUOI UN PUB ?



Il n’est pas de bon Pub qui n’organise pas des concerts, des scènes ouvertes ou des Jams ! Faire des photos de concert d’artistes célèbres est souvent une vraie galère pour les photographes amateurs (et même certains pros). Droit à l’image des artistes, accréditations difficiles à obtenir, concurrence avec les autres pros, scène éloignée… En revanche, les patrons de Pub sont souvent bien plus accueillant et les artistes qui les fréquentent également ! Merci donc à Gilles et aux artistes des MST pour l’invitation.
 
MST en concert dans un Pub à Barizon, (C) 2016 Greg Clouzeau
MST en concert dans un Pub à Barizon, (C) 2016 Greg Clouzeau
 

POURQUOI TESTER MON BOÎTIER EN CONCERT ?

Dans un concert, tout est réuni pour vous faire rater vos photos ! La lumière provient de spots de multiples couleurs alors que la salle est plongée dans le noir. Les contre-jours sont nombreux et surtout, cette lumière change et bouge beaucoup ce qui perturbe les mesures et la mise au point. Et bien entendu, le flash est interdit… En plus, les zicos et le public n’arrêtent pas eux aussi de bouger ! Figer l’instant T avec une basse lumière devient plus complexe qu’ailleurs et il faut pousser les capacités de son appareil jusqu’à ses limites. Plus facile à faire avec un appareil de pro qu’avec un reflex amateur, un smartphone ou un compact. Par ailleurs, beaucoup d’éléments peuvent gêner la composition de l’image : les micros, les câbles en tout genre, le public…et c’est sans parler des éléments disgracieux qui ornent parfois les murs de la salle. Bref, pour les photographes, c’est aussi Rock & Roll !
 
MST en concert dans un Pub à Barizon, (C) 2016 Greg Clouzeau
MST en concert dans un Pub à Barizon, (C) 2016 Greg Clouzeau

 

C’EST QUOI LA DIFFÉRENCE ENTRE UNE PHOTO AVEC UN BOÎTIER PRO ET UN SMARTPHONE !



Les boîtiers d’entrée de gamme sont assez limités en performance : format de l’image réduit, ouverture et sensibilité maximale limitée… Par exemple, un boîtier amateur offre rarement une plage de réglage des ISO performante au-delà de 800 et les objectifs standards ont des ouvertures comprises entre 3,5 et 5,6 alors qu’une optique professionnelle ira jusqu’à 1,8. Idéal en basse lumière.


Pour les smartphone nouvelle génération, les appareils photos ont fait d’énormes progrès mais le capteur reste de taille réduite et le zoom numérique très mauvais. Ceci dit, ils sont en général assez doués en basse lumière et ouvrent souvent autour de 2. En grand angle, ils permettent donc de faire des photographies correctes dans des conditions difficiles même si vous ne maîtrisez rien des réglages. Mieux vaut ne pas espérer en faire des tirages sur papier de 30*40 cm.
 
Voici donc deux image pour comparer. La premières est un extrait d’une image prise avec un boîtier pro en dehors de la zone de mise au point à 6400 ISO, f4 et un zoom de 105 mm. L’image présente un grain encore acceptable, le noir du fond est …noir et l’on distingue même les poils sur les bras.


Ensuite, c'est une image issue d’un smartphone. Inutile de vous dire qu’une impression papier ne serait pas du plus bel effet ! Au delà d’un tirage 10*15 cm, cela devient très moche… à moins d’y passer des heures en post-traitement…et encore.



Agrandissement à 100 % d’une image prise avec un Canon EOS 5DII à 6400 ISO



Agrandissement à 100 % d’une image faite avec un smartphone Xpéria Sony

Bref, à partir de 800 ISO, l’image se dégrade. On parle de bruit (dans un concert c’est normal…) numérique, c’est à dire que certaines parties de l’image font apparaître de gros carrés et parfois de la couleur la où il n’y en avait pas.
 
 

 

COMMENT MESURER LA LUMIÈRE POUR DES PHOTOS DE CONCERT ?



Si vous faites une mesure de lumière globale, forcement, ça va pas le faire et comme en plus elle change tout le temps, l’autofocus risque de ramer pas mal avant de faire une mise au point net. Il faut donc croiser les doigts si vous avez un smartphone ou quitter les modes automatiques des reflex.


Du coup, j’opte pour une mesure de lumière dit « spot » qui permet de mesurer en un endroit précis de l’image (environ 3%) que l’on veut être bien exposé. Le reste sera peut être plus foncé ou plus clair mais votre sujet sera juste.


En effet, dans les modes automatiques, un reflex effectue une mesure de la lumière sur plusieurs zones (« évaluative » chez Canon et « matricielle » chez Nikon), or comme l’essentiel de la scène est sombre, le boîtier va surexposer l’image et le chanteur sera cramé (complètement blanc) ! Pour éviter ce phénomène, il faut mesurer la lumière uniquement sur l’artiste. Même la solution intermédiaire dite « mesure pondérée centrale » qui calcule l’exposition sur environ 15% de l’image à partir du centre, ne vous sauvera pas des forts contrastes.


Là encore, l’avantage ira aux reflex haut de gamme dont les performances de l’autofocus permettent de prendre en rafale de nombreuses images tout en suivant le sujet pour faire la mise au point. En parlant de mise au point, le top c’est de la faire sur les yeux de votre sujet (même si les chanteurs les ferment beaucoup !) Avec un zoom optique pro à f1,8, la profondeur de champ est très réduite, l’image est flou juste derrière et juste devant. Perso, je préfère travailler si c’est possible autour de f4 qui laisse un peu plus de marge. En faisant la mise au point sur le micro ou la bouche, le visage devrait être net. En revanche, rien à faire, le passage d’un spot blanc a quand même cramé une petite partie de la main de Bastos…mais rien de grave.
 
Bastos, le chanteur des MST en concert dans un Pub à Barizon, (C) 2016 Greg Clouzeau
Bastos, le chanteur des MST en concert dans un Pub à Barizon, (C) 2016 Greg Clouzeau
 


COULEUR OU NOIR ET BLANC ?



Perso, je suis un fan du noir et blanc ! En plus cela évitera à vos sujets de ressembler à Shrek, Hulk ou n’importe quel Barbapapa. En effet, dans les concerts, on trouve généralement une alternance de lumières vertes, rouges, bleues qui sont du plus mauvais effet sur certaines images. Je vous recommande donc vivement d’opter pour le noir et blanc. Sinon, la couleur cela peut aussi donner de beaux effets graphiques et les fans d’Andy Warhol vont adorer.


Les MST en concert dans un Pub à Barizon, (C) 2016 Greg Clouzeau
 
Bastos, le chanteur des MST en concert dans un Pub à Barizon, (C) 2016 Greg Clouzeau
Bastos, le chanteur des MST en concert dans un Pub à Barizon, (C) 2016 Greg Clouzeau
 

Bref, je récapitule :
faites vous plaisir dans les pubs (avec modération)
préférez un boîtier pro pour faire de belles images dans ces conditions difficiles si vous voulez faire des tirages papier,
quittez les modes automatiques pour forcer certains réglages (j’y reviendrai dans le second épisode),
mesurez la lumière sur la plus petite partie de l’image (mesure spot) directement sur le sujet principal,
ne manquez pas la suite de l’épisode !
 
Bastos, le chanteur des MST en concert dans un Pub à Barizon, (C) 2016 Greg Clouzeau
Bastos, le chanteur des MST en concert dans un Pub à Barizon, (C) 2016 Greg Clouzeau
 

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